Comme tous les matins, les jeunes de la cité m’ont réveillée. Mais aujourd’hui tout est différent, j’ai le sourire et je suis pressée. Ce matin je me lève et je me dirige dans la salle de bain, je commence par me laver et m'habiller. Rien ne change à d’habitude, j'enfile un jean, une grande chemise. Je me maquille et me coiffe.
Mes cheveux, brun et bouclés, tombent sur mes épaules et mon dos. Aujourd'hui Kaïs, mon petit ami, vient me khtob comme on dit chez nous, il vient faire sa demande en mariage! Je ne veux que lui dans ma vie.Je regardais mon reflet dans le miroir, pour ajuster ma chemise je ne supporte pas que mes petites fesses bombées ne soient pas couvertes. Je vérifie mon décolleté, et me dirige vers la cuisine pour préparer le repas de ce midi.
La maison est encore calme, personne n’est réveillé, mais je me dois de tout préparer. Je mets mes écouteurs et laisse la musique retentir dans mes oreilles. Je sais que Kaïs va venir avec ces parents, je décide donc de faire un couscous, je sors les légumes et commence mon plat. Je danse et chante à moitié dans la cuisine, sous le rythme de la musique. J’ai le coeur empli de joie et de bonheur, dans quelques mois je serais une femme mariée, j’aurai la maison de mes rêves avec l’homme de mes rêves. Je pourrai avoir la chance d’avoir des enfants et de sortir de ma cité. Je rendrais ma famille fière !
La porte de la cuisine grince et me sort de mes douces pensées:
“Ah ma fille, comment vas- tu vas aujourd'hui ? C’est mon père, il est encore à moitié endormi- Papa, ça va merci et toi ?Tu as bien dormi ? Je retire mes écouteurs et lui souris - Ça va, comme les vieux, ça réplique préféré! Joyeux anniversaire ma fille ! Tu as 20 ans aujourd'hui, tu es une femme. Bientôt le mariage, me dit-il en m’embrassant sur le front- Oh Papa, merci, lui dis-je en lui faisant un câlin. J'ai fait du couscous pour ce midi.Tata Saliha, son mari et son fils viennent manger à la maison tu n'as pas oublié ?- Tu crois que je vais oublier mon copain Sofiane ? Aller vas faire le gâteau, il me dit ça en rigolant »Je reprends ou je m’en suis arreter et je commence à préparer des gâteaux. La maison est encore calme pour le moment, mon père est sorti et Rania et Djelloul dorment encore. Pas étonnant de ses deux ours, s’ils ne dorment pas, ils mangent.
J’installe la table, une nappe blanche pour la pureté, un bouquet de rose rouge pour la passion et l’amour, des paillettes parce que j’adore ça. Le service couleur or de Mama pour qu’une touche d’elle soit présente ici…
Mama est décédée il y a quelques années, d’un cancer, sans elle ce n'est pas pareil. Tout est vide et sans vie… Je suis tellement triste qu’elle ne soit pas présente aujourd’hui… Je l’imagine en belle robe traditionnelle, un beau kaftan noir et dorée qu’elle aimais tant. Celui qu’elle ne sortais que pour les grandes occasions. Elle m'a toujours dit que c’était uniquement ce qui lui restait de sa vie d’avant.
Bon, trêve de rêveries, si j’allais réveiller les ours. J’entre dans la chambre de ma petite sœur, mais je ne la vois pas. Elle doit être sous la douche. Je vais aller réveiller Djou, je toque à la porte, trois fois et pas de réponse. Je rentre dans sa chambre et pareil, le lit est fait. La fenêtre est ouverte mais pas de grand frère en vue. Ils sont où ces deux là encore ?
Je sors de la chambre et un bruit sourd retentit dans mon oreille avant qu’une pluie de confettis me tombe dessus.
“ Joyeux anniversaire !” Les rires se mêlent à la chanson. Mon père est heureux, mon frère me prend dans ses bras et Rania nous enlace. Ce que je peux les aimer. Ce que je les aime, je ferais n’importe quoi pour leurs bonheurs.
“20 ans ma soeur. Ca y est t’es une femme, me crie mon frère dans l’oreille
- Djou, tu m’a fais mal à l’oreille, arrête de crier, je rigole à moitié
- Fait pas la chochotte hein ! C’est pas grand chose, Joyeux anniversaire ma petite, il me relâche et m’embrasse le front”
Je prends Rania dans mes bras et la sert fort. Elle est tellement petite, si petite ma soeur.
“ Joyeux anniversaire Nanou !
- Merci Rania, merci ma chérie “Je nettoie avec ma sœur le couloir, et je file dans ma chambre, il est temps de me préparer. J’enfile une robe dubaï et me maquille. Je suis devant mon miroir et je regarde ma chambre d’enfant, enfin d’adolescente. Tous les souvenirs me reviennent. Dans quelques semaines je quitte cette chambre pour celle du reste de ma vie, celle avec Kais, mon futur mari. Tout va me manquer ici, le papier peint rose, les photos avec mes amies, les souvenirs de mes premiers dessins de robe de mariée, ma petite machine à coudre… Tout va me manquer. Mais c’est pour vivre ma vie de femme !
Un sms me sort de mes pensées, c’est Kaïs : « Inch’Allah ( Si Dieu le veux) tu es bientôt à moi je suis en bas de ta tour avec mes parents ! »
Je rougis, je vais être sienne enfin, « Mon amour, je t'attends!». Je me dépêche de vérifier que tout est parfait. Quelqu’un toque à la porte, les papillons dans mon ventre s’activent et j’ai les mains qui tremblent. Mon père ouvre la porte et les joyeux anniversaires fusent de partout.
J’installe tout le monde à table et commence par servir la salade. Le repas se passe à merveille et j'ai reçu de nombreux compliments sur mon couscous. Sur le faite que je sais recevoir et que bientôt je serais une femme à marier. J’apporte le dessert et m’installe quand Kaïs pris la parole :
« Tonton? Je suis venue aujourd'hui avec mes parents pour te demander quelque chose.
- Eh bien parles mon fils, il rigole et se retourne vers son ami- Je suis venue te demander la main de Kahina. »Rania et Tata Saliha commencent à faire les youyous, j'ai les larmes aux yeux. J'attends avec impatience la réponse de mon père. Il doit être si fière de moi.
Je me retourne vers lui mais le regard noir qu’il me lançe ne présage rien de bon. D’un geste du doigt, il me fait comprendre que je dois me lever. Mon frère Djou ne comprend pas non plus ce qu’il se passe. Je me lève et suit mon père dans sa chambre. Les larmes de bonheur qui remplissaient mes yeux commencent petit à petit à devenir des larmes de tristesse. Il me dit de m’installer sur son lit et d’attendre. Il sort de la chambre et ferme la porte. Mais qu’est-ce qu’il se passe ? J’étais sûr qu’il n'attendait pas que ça !
Je décide tout de même d’aller écouter ce qu’il se passe au salon:
« Kaïs, tu sais ma fille c'est une perle rare. Elle c'est faire la cuisine, le ménage, elle s'occupe très bien de la maison depuis que ma femme est monté vers le tout puissant. Mais il faut que je te dise non. Ma fille est promise depuis sa naissance...
- COMMENT SA PROMISE ? C'EST QUOI CE BORDEL? Djou lui coupe la parole et se met à hurler
Quoi ? Dis moi que tu rigoles ? Tu ne vas pas me marier à un inconnu? Hein Papa c'est kaïs que j'aime Papa. Ya Rabi (Dieu) aide moi ! Résonne-le ! C’est fini l’époque des mariages forcées! Ça existe plus ! Je hurle de douleur, il vient de me retirer mon bonheur”
Rania se met à pleurer, Djelloul devient complètement fou, mon père ne sait plus quoi faire. Kaïs et son père s'emportent dans la colère, sa mère se met à pleurer. La pièce est emplie de colère, elle est si forte qu’elle aurait fait trembler tout le mur de la cité. Djelloul lui est partis en claquant la porte.
« Ecoutes, Younes, tu es mon ami depuis qu'on est arrivé en France. Je sais qu'en Algérie tu as promis ta fille. Mais jamais, il est revenu. Je veux que mon fils épouse ta fille. Nous sommes venues pour ça, maintenant tu dis oui c'est tout , dit-il en tapant du poing,
- Sofiane, je ne peux pas. J'ai promis, j'ai promis. »Kaïs est silencieux et moi je pleure. Je regarde mon père pour essayer de comprendre. Mais celui-ci me regarde d'un air désolé.
Ces deux vieux amis se déchiraient. Mais merde, moi je ne comprenais rien. Je pris la parole entre les hurlements.
« STOP ! Je ne veux pas me marier avec un inconnu, je m'en fous. Celui que je veux c'est Kaïs. Je ne comprends rien. J'en ai marre, dis-je en pleurant.”
Mon père s’écroule sur le canapé, les parents de Kaïs se rapprochent de la porte. Et celui qui aurait dû être mon mari se rapproche de moi, il me prend dans ses bras, me sert aussi fort qu’il le peut et me caresse les cheveux. Il me chuchote à l'oreille que c'est le mektoub (destin), et que nous n'avons pas le choix et que par chance l'homme ne voudrait pas de moi. Comment fait-t-il pour garder son calme ? Je viens de perdre l'homme de ma vie...
La porte se referme lentement sur lui et mon cœur se déchire en milles morceaux. Je m'écroule au sol et hurle toute ma douleur. Ma soeur me prend dans ses bras et tente de me réconforter. Je suis au plus mal. Moi qui pensait vivre la plus belle journée de toute ma vie. Je sens les bras réconfortants de mon père me bercer petit à petit.
« Ecoute Kahina, tu vas aller dans ma chambre, prendre la boîte à bijoux de ta mère et tu prendras la lettre bleue...»
Mais de quelle lettre est-ce qu’il me parle ?
« Salem'Ahlikoum Benthi ( Bonjour ma fille). Si tu lis cette lettre c'est que malheureusement, je ne suis plus là pour fêter tes 20 ans. Il faut benthi (ma fille) que je te raconte mon histoire pour que tu comprennes la tienne. Alors s'il-te-plaît, lis cette lettre jusqu'à la fin. Comme tu le sais, moi et ton père nous sommes mariés depuis bien des années, mais tu sais ma chérie, nous t'avons menti sur tes origines. Sur nos origines.Ma mère Allah Ya Rahma (Paix à son âme) est morte en me mettant au monde. J'ai toujours vécu avec une seule et même personne. Les domestiques mon bien élever. Mais je ne vous ai jamais raconté ma vraie vie. Habiba ( Ma chérie), j'espère que tu comprendras… Mon père Allah Ya Rahmo était un grand prince Qataris. Nous avons du sang royal qui
Je suis en peignoir et je bloque devant la robe que mon père m’a apportée. Une robe cocktail, rose pâle. Le bustier était incrusté de diamants sûrement faux, enfin quoi que maintenant je peux en douter. Ça fait déjà dix minutes que je la regarde et je n’ai pas envie de la passer. Je décide de l’enfiler. Et bizarrement elle me va à la perfection. Elle tombe parfaitement sur mes pieds, elle est ajustée à la taille et le dos nus tombe parfaitement. La jupe est légèrement fendue, pile comme il le faut ni trop peu ni pas assez. Je passe au maquillage et à la coiffure. J’ai accentué mes yeux et j’ai laissé mes cheveux noir tombé en cascade sur mon épaule.C’est beaucoup trop pour un homme que je ne connais pas. Je n’ai jamais por
Il est pratiquement minuit et je viens de rentrer chez moi. Je dépose mon diadème dans un écrin, j'enlève mes bijoux et laisse glisser ma robe par terre. Je me démaquille, enfile un pyjama. Je m'installe dans ma chambre, et repense à cette décision que je devais prendre. Mais est-ce vraiment une vie comme celle que je veux ?Il faut que je me reconnecte à la réalité, je décide d'allumer mon téléphone et tombe sur un innombrable nombre de messages de Kaïs et de Habiba, ma meilleure amie.*Kaïssou <3* « Jamais, Jamais tu lui appartiendras, je m'en baleck je vais t'enlever. »*Kaïssou <3* « Réponds Zeubi »*Kaïssou <3* «
Point de vue de Kaïs:Je me réveille ce matin, je suis encore défoncé. J'ai cru mourir hier quand son père nous a annoncé que nous ne pourrions pas nous marier. Kahina c'est tout pour moi, je me suis rangé pour elle, j'ai tout fait pour elle. Tous mes plans étaient faits. Je savais déjà comment on allait se marier, comment elle allait être habillée et coiffée, je la voyais me dire oui. J'imaginais que seule la mort pouvait nous séparer. Qu’elle serait rien qu’à moi.Je suis anéanti... Je vais me laver et m'habiller, je me dirige vers la cuisine, embrasse ma mère sur le front, et regarde mon père :« Salem Aleykoum (bonjour) mon fils.- Salem ( bonjour)
Point de vue de Djelloul:Comment je n'arrive pas à me dire que je dois me marier, je sais Maman elle fait ça pour nous mais quand même. Elle aurait pu nous laisser le choix... Je ne sais même pas à quoi elle ressemble. Woah si elle est moche je ne suis pas dans la R'hla (Merde).... Je vais aller voir une ou deux petites Kehbas (Putes), pour oublier tout ça. Je regarde l'heure et je remarque que Kahina n'est pas rentré et qu'il est déjà 19h, je n'aime pas ça putain... D’habitude elle préviens mon père si elle tarde la depuis qu’elle est partie en courant de la maison on a pas de nouvelle. J'appelle Habiba pour voir où elle est :«Allo ?- Ici, Djelloul le beau gosse de la street sisi RPZ- Ta Gueule Djeloulou !
Point de vue de Zaïm :Ça fait seulement quelques heures que j’ai quitté Kahina, mais je n'arrive pas à sortir son visage, son petit rire et sa voix de ma tête. Je ne sais pas ce qu'elle m'a fait mais j'ai envie de la protéger. Je veux qu'elle soit heureuse, je pense que je vais parler à mon père pour annuler le mariage. Je vais l'appeler après avoir vu Sarah.Sarah c'est ma femme, celle avec qui je veux me marier, quand je la vois j'ai envie de la bouffé. C'est une belle brune, aux cheveux longs, je me noie dans ses yeux bleu, je l'aime à en mourir. Quand j'ai dû lui dire pour le mariage elle est partit en courant... Maintenant je la vois que lorsqu'elle nettoie ma chambre...Oui, je suis amoureux d'une femme de ménag
Point de vue de Kahina :Je me réveille ce matin dans mon lit ? J'ai très peu de souvenirs d' hier, enfin si même si je préférais que tout ça ne soit qu’un cauchemar. Je me souviens de ma dispute avec Kaïs, d'avoir appelé Zaïm, de l'avoir vu, et je me souviens d'un sms de Kaïs qui m'insultait une nouvelle fois de pute... Après ça mon frère est venu me chercher dans le tabac de son pote... Djelloul m'a expliqué qu'il avait frappé mon « ex », et je crois bien m'être endormie dans la voiture...Je prends mon courage à deux mains et sort du lit, je regarde l'heure et je vois qu'il est 14h ! Non mais c'est pas du tout dans mes habitudes de dormir jusqu'à cette heure-ci, faut vraiment que je me reprenne ! Il faut aussi que j'appelle Zaï
Point de vue de Kahina:Je suis toujours dans ces bras, j'ai l'impression que ça fait des années qu'on est dans cette position. Lui me caressant les cheveux, moi dans son cou à serrer sa taille ; je ne sais pas ce qu'il m'a pris de lui sauter dans les bras, mais ça n'a pas l'air de le gêner il me chuchote à l'oreille :« ut, ma belle, allez calme toi ! Je vais t'emmener manger un truc d'accord ? Et on ira se balader, ok ? Aller ma belle, tu vas gâcher ton beau visage en pleurant comme ça ! »Ton beau visage ? Ma belle ? J'ai rêvé ? Je crois bien que lui aussi il est perdu dans ce qu'il fait. Enfin je me relève, sourit et lui demande tel la bagra ( la vache) que je suis: