Pendant le déjeuner, Xavier qui mangeait avec son frère surpris une fois encore le regard de ce dernier pour Eba.
La jeune fille qui faisait le service se déplaçait autour d'eux discrètement. De la cuisine à la véranda, elle allait et venait en silence. Enervé par l'attitude de Kouamé, Xavier qui n'en pouvant plus, évita de reposer bruyamment ses couverts dans son assiette comme il en avait la furieuse envie. Sans détour, il aborda ouvertement le sujet qui le taraudait.—Elle te plaît à ce que je vois ? Lui demanda t-il une fois la jeune fille repartie pour la cuisine.
—De qui est ce que tu parles ? Fit mine d'ignorer Kouamé.
— Ne fais pas semblant ! Lui intima Xavier d'une voix où commençait à poindre l'irritation.Je te parle de ma jeune domestique que tu n'arrête pas de manger des yeux d'une maniè
Sur l'antre de l'éléphant, la nuit avait finit d'étirer son voile sombre . A présent, un paisible silence y régnait. En cette soirée, tous avaient trouvé refuge dans leur doux foyer. Dans la modeste maison en bois du contremaître, il en était de même. Les parents et trois sur sept de leurs enfants étaient présent et on s'affairait. Avec entrain, les membres de cette modeste famille se hâtaient dans les derniers préparatifs d'un dîner qui s'annonçait spécial. A leur table, ils devaient recevoir Kouamé, le demi frère du propriétaire du domaine. Et ce n'était pas rien. En tout cas,pour Effoua la maîtresse de maison, c'était plus qu'un honneur. Alors, elle était animée d'engouement. Perfectionniste, elle veillait scrupuleusement à ce que tout soit parfait. Occupée à disposer
Accoudé à la balustrade de la véranda, Xavier vit son auto démarrer. Dans un nuage de poussière celle-ci disparue bientôt de la propriété. Soulagé, il soupira. Kouamé était partit. Enfin ! Il allait revenir d'ici peu mais Xavier disposait d'assez de temps. Pour faire ce qu'il avait en tête, il ne lui fallait guère plus de quelques minutes. Or Kouamé n'était pas prêt de revenir de si tôt. Parti pour Abidjan où il devait rencontrer son supérieur à l'hôpital, il en avait pour toute la journée. Xavier allait pouvoir souffler. Enfin, il allait pouvoir s'entretenir avec Eba. Seul à seul. C'est seulement dans le dessein de tenir Kouamé éloigné le plus longtemps possible qu'il avait accepté de céder son auto à ce dernier. En temps normal, il aurait refusé bien &eacu
A Abidjan, Kouamé ne tarda pas. A l'heure du déjeuner, le jeune médecin était déjà là. Comme depuis les précédents jours qui avaient suivi son arrivée, il déjeunait avec son demi frère. Assis à la véranda, les deux jeunes hommes se régalaient du succulent plat préparé par Effoua. Étrangement, Xavier se montrait cordiale. Contrairement à ses habitudes, il essayait obstinément d'instaurer la conversation. Pour faire parler son frère, le métis posait plusieurs questions. Plus banales les unes que les autres, Kouamé n'y prêtait qu'une oreille distraite. Enfermé dans un sombre mutisme, ce dernier ne lui répondait qu'à demi mot. Le jeune médecin était d'humeur maussade.—Apparemment, ton rendez-vous à l'hôpital ne s'est pas passé comme prévu, re
Chapitre 12Effoua et Eba étaient fort occupées. Elles s'activaient dans la cuisine. Pendant que la mère passait le balaie, la fille faisait la vaisselle.Revenue un peu plus tôt que prévu de son service, la jeune fille avait trouvé refuge à l'écart, dans un coin de la pièce. Cachée derrière les ustensiles de cuisine qu'elle récurait, Eba se terrait dans un étrange silence. A vrai dire, la jeune fille pleurait discrètement. A l'abri du regard inquisiteur de sa mère, elle extériorisait sa peine. Effoua n'y voyait que du feu, occupée comme elle était à poser d'inombrables questions.— Tu lui as au moins expliqué pourquoi est-ce que tu étais en retard pour le service ? demanda la mère de famille.—Non ma, lui répondit Eba d'une voix brisée par un sanglot
Sur le pas de la porte de la cuisine, Eba resta un moment troublée. Elle ne savait pas quoi faire. Depuis la fenêtre, sa mère n'arrêtait pas de lui faire des injections silencieuse. Avec des gestes de la mains frénétiques, elle l'encourageait à rejoindre Kouamé.Eba restait perplexe. Devait-elle vraiment obéir à sa mère ou suivre son instinct ? La fille du contremaître hésitait. Elle se sentait prise entre deux feus. Elle avait bien envie de défier sa mère. Elle voulait jeter le panier de fruits, courir le plus loin possible et aller se cacher quelque part, près de la lagune, là où personne n'irait déranger sa quiétude. Mais agir ainsi c'était prendre le risque de tenir à sa mère et Eba connaissait trop la fureur de celle-ci pour oser ainsi la défier.Alors, Eba décida d'obtempé
Eba inspecta son aspect dans le reflet de la vitre de la salle à manger de la grande maison. Elle était jolie dans sa robe. Une nouvelle robe qu'elle avait passé vite fait avant de venir. Elle n'avait pas eu beaucoup de temps et dû prendre encore quelques minutes à vérifier qu'elle était présentable, qu'elle était belle et elle l'était. Du moins, c'était en tout cas cette certitude que lui renvoyait la vitre de la salle à manger.Enfin rassurée de son charme, Eba s'avança lentement dans la pièce. Elle traversa la salle de séjour plongée dans une demi obscurité et monta les escaliers le cœur battant.Savoir qu'il l'attendait la mettait en émoi, dans un état proche de la transe. Elle ne savait pas ce qu'il lui voulait ni de ce dont il comptait discuter avec elle. Il ne lui avait donné aucune ex
Dehors, il pleuvait une averse. Une vraie tempête qui avait le don de provoquer un vent impétueux et qui humidifiait le paysage tout entier. Postée à l'une des entrées de la l'imposante demeure qui tombait malheureusement en ruines, Angès Lebourgois observa le désastre d'un air morose avant de vite refermer les portes. Sa servante Adjara accourut aussitôt et vient l'aider à verrouiller les lourdes portes en bois.— Les autres portes sont-elles fermées ? s'enquit la jeune maîtresse à sa domestique.Celle-ci se dépêcha d'hocher la tête.— Elles sont toutes fermées mademoiselle, lui assura t-elle poliment.Adjara disait vrai. Elle était d'ailleurs toute trempée d'avoir été obligé de courir sous la pluie pour effectuer cette lourde tâ
Chapitre 16La petite Eba courait. Elle était essoufflée et ses poumons manquaient d'air mais elle continuait de courir. Il ne fallait pas qu'elle s'arrête. Le temps était compté. La pénombre recouvrait l'ensemble du domaine et il faisait une nuit noire. Mais la jeune fille n'avait aucun mal à se repérer. Elle traversa le magnifique jardin qui séparait la grande maison habitée par Xavier. De l'autre côté, la modeste cabane en bois appartenant à son père. Elle pouvait la voir au loin. Encore quelques mètres et elle allait l'atteindre.Eba avait hâte d'arriver enfin à destination.Ils devaient tous la chercher où s'inquiéter. Elle s'était éclipsée en douce depuis le début de la soirée et n'était plus réapparue. Une telle imprudence avait été une idiotie. La jeu