Share

Surprise au donjon

 

 

19 heures 45

J’avais juste le temps de remonter la rue de la Fontaine pour être à l’heure au rendez-vous. Adrien était en déplacement, je ne l’avais pas vu depuis deux jours. La robe épousait parfaitement mes formes comme si elle avait été faite sur mesure pour moi. J’avais détaché mes cheveux car je savais que Guillaume enfin Archambault les préférait ainsi. J’avais aussi souligné mes lèvres pulpeuses d’un rouge à lèvres avec des reflets bronze. Je décidais de porter des ballerines couleur crème, je serai plus à l’aise pour marcher. Pourquoi cette robe et pour quelle occasion ? Les questions se bousculaient dans ma tête, cela me rappelait notre deuxième rencontre au bal médiéval, il y a plusieurs mois.

J’arrivais enfin au château magnifiquement mis en valeur avec des jeux de lumière bleus. Je montais l’escalier qui menait au donjon. Mon cœur battait à tout rompre, j’avais mal au ventre. En arrivant au sommet, je vis Archambault : il était de dos près des créneaux, il regardait au loin. La porte grinça, c’est alors qu’il se retourna, regardant dans ma direction.

Il était tellement beau qu’il en était presque irréel, tout droit sorti d’un film de fantasy. Il portait un costume médiéval comme les ducs de Bourbon de cette époque :  une tunique longue à manches courtes bleue nuit et par-dessus une chemise de lin blanche et une culotte longue blanche ainsi que des chausses en daim noires. Ses cheveux châtain clair dorés étaient coiffés en arrière, seule une mèche rebelle bouclée retombait sur son front, ce qui lui donnait un air terriblement séduisant. Il était parfaitement rasé, ses yeux azur luisaient dans la pénombre.

Nous n’étions plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. On s’était rapproché sans même s’en rendre compte tels deux aimants. Mes mains étaient posées sur son torse, lui m’enveloppait de ses bras puissants, ses mains positionnées sur mes hanches fermement comme s’il ne voulait pas que je m’échappe. Il dégageait un parfum de sous-bois et de lavande, la lueur violette passa dans son regard.

Nos lèvres se rencontrèrent sans plus attendre, pressantes et impatientes comme pour soulager un désir puissant de volupté et combler un manque. Nos langues effectuaient un ballet rapide. C’était un baiser passionné, un baiser de retrouvailles. J’agrippais ses cheveux sauvagement. Mon corps se consumait sous ses caresses qui se faisaient de plus en plus pressantes malgré le tissu qui séparait ses mains du contact de ma peau.

Il mit fin à notre étreinte le premier. Nous étions tous les deux à bout de souffle, nos regards ne pouvant se détacher l’un de l’autre. C’est alors qu’il s’adressa à moi :

— Cela veut dire que je suis pardonné ? demanda-t-il légèrement essoufflé.

— Oui, mais cela ne veut pas dire que c’est définitif ! déclarais-je.

— Ah, tu es vraiment une femme de caractère et impitoyable, suis-je donc en sursis ?

— En quelque sorte, avouais-je.

— Tu as bien reçu les fleurs ? m’interrogea-t-il.

— Oui, remarque on ne pouvait pas les manquer, merci c’était merveilleux.

— Le message était-il clair ? me questionna-t-il en arquant un sourcil.

— Oui, il est vrai que connaître le langage des fleurs peut s’avérer très utile.

— Mon Dieu, tu es… magnifique, finit-il par déclarer dans un souffle en faisant quelques pas en arrière pour mieux m’observer. J’ai encore fait un très bon choix de couleur, on dirait une vraie Dame du moyen âge.

— Tu es aussi très élégant, ce soir, c’est en quel honneur, dis-moi ?

— C’est une surprise ! dit-il en me faisant son sourire de charmeur que j’aimais tant.

— Oh non ! tu ne vas pas recommencer ! criais-je, en mettant mes mains sur mes hanches en faisant une moue boudeuse.

— Allez, je me lance ! déclara t’il.

C’est alors qu’il posa un genou à terre et tendit sa main, poing serré, vers moi. Je restais sans voix tellement j’étais surprise par ce geste.

Il desserra son poing et alors je vis du sable pailleté bleu indigo qui prenait place dans le creux de sa main. Il jaugea ma réaction puis un sourire s’étira sur son visage d’ange et il souffla sur le sable qui s’envola dans les airs et soudain une magnifique bague en or apparut. Elle était ornée du symbole de l’infini incrusté de diamants et de saphirs qui scintillaient sous les projecteurs du donjon.

— Mais qu’est-ce-que… je n’arrivais plus à parler, surprise de le voir à genou devant moi. Il prit une grande inspiration et finit par me poser « La Question » :

— Alix, ma douce, veux-tu vivre un amour éternel à mes côtés en t’unissant à moi ?

— Mais, je…

— Hum, c’est un « oui » ou un « peut être » que je voudrais entendre, répliqua-t-il en me regardant toujours avec insistance.

— Mais, je ne m’attendais pas à cette demande, excuses moi, je suis un peu perturbée là.

— Alix, je ne suis rien sans toi. Je veux te prouver mon amour par cette demande en mariage. Vas-tu me laisser un genou à terre pour l’éternité ?

— C’est oui, mille fois oui, tu es vraiment le prince charmant ! Je dois dire que c’est la plus magnifique demande du monde entier. Les larmes coulaient sur mon visage, je ressentais un mélange de joie et d’angoisse, tout cela était si perturbant.

Il se releva avec élégance, il prit ma main gauche dans la sienne et passa la bague à mon annulaire, lentement, comme pour prolonger le moment. Elle épousait parfaitement mon doigt, j’avais l’impression de rêver tant le moment était magique.

— Aurais-je droit à ma récompense, jeune damoiselle ? demanda-t-il en faisant une révérence.

— Je dois y réfléchir, Monseigneur de Bourbon.

Il me lança un regard interrogateur puis je fis un pas vers lui et prit son visage en coupe dans mes mains sans plus attendre pour lui donner sa récompense tant méritée. Notre baiser fut lent, doux et délicieux. Contrairement à ceux que nous avions échangé auparavant, nous faisions durer l’instant, profitant de ce moment riche en émotions, notre moment. Nos âmes ne faisaient plus qu’une, s’entrelaçant l’une avec l’autre comme le symbole de l’infini qui ornait ma bague de fiançailles.

— Au moyen âge, la bague de fiançailles était un simple anneau de métal, je voulais qu’elle soit à notre image, ajouta-t-il.

— Elle est parfaite, merci.

— Bon allons-y, nous sommes attendus s’exprima-t-il avec impatience.

— Attendus ? mais par qui et où ? demandais-je.

— Je veux que l’on fasse comme la tradition l’exigeait au moyen âge. On va participer à une bénédiction à la chapelle de la croix verte puis une petite fête sera donnée en notre honneur dans la grande salle du château. Il y aura juste quelques amis, ton oncle et les membres des protecteurs dont le conseil également.

— Sérieux ?

— Oui, sérieux ! insista-t-il.

— Et le mariage sera pour quand ?

— Lorsque ta formation sera achevée. Nous ne sommes pas pressés, et puis un mariage cela se prépare. Je t’ai déjà fait une promesse de mariage et je compte bien la tenir.

— Ah oui ? les hommes font des promesses mais sont rares à vraiment les tenir, déclarais-je.

— Je ne suis pas comme tous « les hommes ! » dit-il, fièrement en se redressant tout en bombant le torse.

— Oui, tu as raison, tu es un peu « spécial » ajoutais-je.

Les cloches de la tour de l’horloge sonnèrent, il était 21 heures.

— Allons-y ou nous allons être en retard, dit-il en me prenant par la main et en m’entraînant dans l’escalier du donjon.

 

Related chapter

Latest chapter

DMCA.com Protection Status