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LE PRINCE MAUDIT TOME 2: AMOR VINCIT OMNIA
LE PRINCE MAUDIT TOME 2: AMOR VINCIT OMNIA
Auteur: Catherine BEAUGRAND

Retour à la réalité

Cela faisait quelques mois que nous avions subi l’attaque de la confrérie de la pierre d’albâtre. Guillaume s’était finalement bien remis de ses blessures avec beaucoup de repos et grâce aux remèdes de Sylvia, la sorcière de Vallon. Sonia était désormais notre ennemie et il fallait rester sur nos gardes. Mme Vaire-Vache était, quant à elle, derrière les barreaux pour un bon moment. Elle avait été reconnue coupable des meurtres des jeunes filles dans le vieux Montluçon mais quelque chose me disait qu’elle n’avait pas agit seule…

Nous étions de retour à Montluçon chez Adrien. Suite au départ de Mme Vaire-Vache et aux nombreuses recommandations de touristes qui avaient visité le Vieux Château en ma compagnie, j’en avais obtenu le poste de Conservatrice. J’étais ravie d’occuper ce poste à responsabilités.

C’était pour moi une chance de redonner vie à ce château chargé d’histoire, d’organiser des expositions à thème, de faire venir des musiciens…

Afin de poursuivre ma formation de « protectrice », je suivais, depuis déjà 6 mois, des cours un peu « particuliers » dans des matières diverses et surtout non dispensées dans les établissements scolaires « normaux ». Au programme, il y avait toutes sortes de sciences occultes, telles que l’astrologie, les arts divinatoires, la lithothérapie afin de connaître les pouvoirs des pierres pour se protéger ou pour soigner toutes sortes de maux au quotidien.

J’aimais beaucoup la talismanie qui consistait à fabriquer des amulettes, des talismans en tous genres.

Un cours, en particulier, était cher à mon cœur : la psychurgie ou l'art du maniement des forces psychiques ou animiques. J’étais moi-même à moitié immortelle, je possédais des pouvoirs innés mais enfouis au plus profond de moi-même. Ceux-ci ne demandaient qu’à se développer. Le professeur pour cette matière était justement quelqu’un qui comptait beaucoup pour moi : Archambault et bien entendu, il était souvent compliqué de se concentrer sur la leçon quand il était dans la même pièce que moi. Je devais m’obliger à faire taire ma « petite voix intérieure » qui me commandait de foncer sur lui et de l’embrasser avidement.

Il en était de même pour lui, cela j’en étais certaine. Pour preuve, la lueur violette qui dansait dans ses prunelles d’azur dès qu’il posait son regard sur moi.

Les cours avaient lieu dans les salles secrètes sous le Château de Montluçon et, parfois, aussi au domicile d’Adrien car il fallait bien que je trouve du temps pour exercer mon métier de conservatrice.

Nous étions en plein mois de mars et il ne faisait pas très chaud dans les salles d’étude en sous-sol même avec le chauffage d’appoint.

11 heures, c’était l’heure du cours avec Guillaume. En attendant son arrivée, je jetais un œil à mon téléphone qui venait juste de vibrer, c’était Justine :

Justine : Coucou ma belle, alors quoi de neuf ? J’espère qu’on pourra se voir bientôt en soirée !

Moi : J’étais bien occupée ces derniers mois avec ma formation pour mon nouveau poste de conservatrice, je te promets qu’on va sortir faire la fête bientôt !

Justine : Occupée avec ton nouveau poste ? tu rigoles ! c’est surtout que tu es complètement « raide dingue » de ton « beau gosse », le Prince de Montluçon !

Moi : Peut-être un peu aussi, avouai-je.

Justine : J’en t’en supplie, n’oublie pas tes copines s’il te plait ! insista Justine.

Je n’eus pas le temps de répondre, un picotement intense se diffusa à l’intérieur de mon ventre. J’avais toujours cette réaction à l’approche de Guillaume depuis quelques temps.

— Pas de portable en classe, mademoiselle Dangicourt ! m’interpela-t-il en faisant un clin d’œil coquin à son entrée dans la pièce.

Surprise, je lâchais l’appareil et celui-ci allait finir sa course au sol. Guillaume l’intercepta, sans souci, grâce à sa vélocité légendaire.

— Merci ! Soufflais-je.

— A votre service, Damoiselle Alix, mais maintenant, il faut l’éteindre sinon les ondes vont perturber notre cours.

— Je sais, je le fais tout de suite. On aurait dit une petite fille qui obéissait à son père.

Sa proximité était toujours un délice. J’aimais son parfum de linge propre et de lavande. Aujourd’hui, il était craquant avec son pantalon noir et sa chemise en lin beige assez déboutonnée pour laisser apparaitre les poils dorés de son torse. J’avais une forte envie de le toucher mais nous étions observés par Adrien qui avait fait placer des caméras de surveillance depuis qu’il avait appris qu’on ne pouvait résister à l’attraction de nos deux corps dès que l’on se retrouvait dans un espace confiné. Guillaume était en mode mal rasé en ce moment et ce n’était pas pour me déplaire ! Il y avait un endroit dans le coin de la salle qui était hors champ des caméras. Nous avions l’habitude de nous y rendre afin de se « savourer » l’un, l’autre. Guillaume me fit signe de la main pour que je le rejoigne dans notre cachette secrète qu’il appelait notre « alcôve. »

Je me blottis aussitôt dans ses bras puissants, c’était un refuge douillet et réconfortant.

— Je n’en pouvais plus de ne pas pouvoir te serrer dans mes bras, me murmura-t-il à l’oreille.

— Tu me manques aussi, terriblement, avouais-je.

Il m’attira à lui sans plus attendre et effleura mon cou de ses lèvres douces, le contact de sa barbe me chatouilla et me fit frissonner.

Nos lèvres se rencontrèrent et mon cerveau se déconnecta. Ses baisers étaient si profonds qu’ils me brûlaient les lèvres. Ses mains agrippèrent mes hanches pour me rapprocher davantage de lui. Mes doigts jouaient avec une mèche de ses cheveux tandis que je lui rendais son baiser ardent. J’étais comme un brasier. Mon corps se consumait. Je gémis contre sa bouche. Guillaume m’attrapa par les hanches et me déposa délicatement sur la table posée le long du mur. Mes mains se mirent alors à descendre le long de son torse pour se faufiler sous sa chemise. Elles se posèrent quelques secondes sur ses abdominaux bien dessinés puis remontèrent jusqu’à son torse puissant et finirent par se resserrer sur son médaillon. Guillaume embrassait comme un homme assoiffé buvant de grandes gorgées sans reprendre son souffle.  Il passa ensuite ses mains expertes sous mon pull en me caressant le dos lentement jusqu’en bas de mes reins. Il était comme un bon gâteau au chocolat ou une douceur sucrée qu’on ne peut s’empêcher de vouloir dévorer. Ces petits moments « interdits » étaient devenus comme une drogue pour nos deux corps, nos deux âmes.

— Ah ! vous êtes là ! je m’en doutais, hurla Adrien en entrant dans la salle de cours.

Surprise et à bout de souffle, je repoussais violemment Guillaume. Il était visiblement gêné et mis ses mains dans ses poches nonchalamment. On aurait dit un enfant qui venait de se faire gronder par son père.

— On… on allait se remettre à travailler dit Guillaume tout en s’essuyant le coin de la bouche d’une manière très élégante comme toujours. Il ne put s’empêcher de me faire son sourire en coin si craquant.

— Votre attitude suggérait autre chose, rétorqua Adrien en plissant les yeux tout en nous fixant avec un regard noir. Je ne vous voyais plus dans le champ de la caméra de surveillance. Je savais bien qu’il y avait quelque chose de louche !

— Excuse-nous, Adrien, on ne recommencera plus, dis-je timidement.

— C’est toujours le même refrain. Vous ne pouvez pas vous empêcher de vous « peloter » et de vous « bécoter » dès que vous êtes dans la même pièce ! insista Adrien.

On se regarda avec Guillaume puis on pouffa de rire au même moment.

— Bon, et bien je vais faire le cours à la place de Guillaume comme cela vous serez peut-être plus concentrés, grogna-t-il ! Alix, tu prendras la place juste devant et Guillaume se placera derrière toi, d’accord ? dit-il sèchement.

— Ok.

Adrien s’était placé près du tableau blanc.

— Aujourd’hui, nous allons étudier la télépathie déclara-t-il. Qui peut me donner la définition ?

Je levais la main.

— Oui, Alix, je t’écoute.

— C’est la transmission de pensée ou d’image sans utiliser aucune forme de communication gestuelle écrite ou orale.

— Oui, parfait, dit Adrien.

Tandis qu’il se tournait vers le tableau et relisait ses notes, Guillaume enfin, Archambault, appuya fortement son stylo dans mon dos, ce qui me fit sursauter.

— Arrête, tu vas encore mettre Adrien en colère, chuchotais-je avec de l’agacement dans la voix.

Guillaume se pencha légèrement en avant, en s’appuyant sur ses avant-bras puissants, pour me parler à l’oreille de sa voix rauque si sexy. Son parfum, un mélange d’épice et de musc emplit mes narines, c’était enivrant.

— Tu ne te doutes même pas de l’effet que tu as eu sur moi tout à l’heure dans l’alcôve me susurra-t-il à l’oreille.

Je sentis que mon cœur allait rater un battement tout en me remémorant la scène dans mon esprit. Lui étant plus expert en télépathie, m’envoya quelques images bien sélectionnées. Je sentais que j’allais me liquéfier sur place. C’est alors qu’Adrien me fit sortir de mon état de béatitude en s’adressant à nous :

— Alix et Guillaume, ils me semblent que vous avez déjà exercé ce don, je ne me trompe pas ?

— C’est exact, intervint Guillaume, afin de me laisser le temps de reprendre mes esprits. Cela arrive parfois lorsque les émotions sont exacerbées.

Rouge comme une pivoine, je n’osais pas me retourner vers lui pour rencontrer son regard.

— Tu peux préciser ? demanda Adrien.

— Bien, cela nous arrive souvent lorsqu’on s’embrasse avec Alix. Il dit cela d’un ton détaché, c’était étrange.

— Oui, bon. Il fit la grimace et se racla la gorge bruyamment. Mais on peut pratiquer la télépathie en se concentrant ou alors, aussi, lorsqu’il y a un danger pour se prévenir l’un, l’autre. Tenez, je vous donne ces quelques exercices à faire pour vous entraîner en dehors des cours. Il nous tendit une boite transparente avec des symboles gravés sur des morceaux de bois.

— Il suffit de vous mettre dans deux pièces différentes et de penser fortement au symbole choisi, vous devrez deviner quel est le symbole de l’un et de l’autre. Le cours est terminé. Faites bien vos exercices, c’est compris ? dit-il en me lançant un regard interrogateur.

— Oui ! Nous répondîmes à l’unisson tout en pouffant légèrement.

Je commençais à me lever de ma chaise mais Adrien m’arrêta net.

— Guillaume, laisse-nous s’il te plait, j’ai à parler en privé à Alix.

— Très bien, on se retrouve sur l’esplanade Alix.

Son regard me transperça tellement il était intense et la petite lueur violette se manifesta. Il sortit de la salle avec élégance comme à son habitude.

Adrien me regarda avec un regard sérieux et son visage était grave.

— Nous avons pris une décision, afin que tu puisses effectuer ta formation correctement, il est nécessaire que tu t’éloignes quelques temps d’Archambault.

— Quoi ? mais de quel droit ? non ! je ne suis pas d’accord, criais-je.

— Ce n’est pas pour vous punir, Alix, dit-il avec de la tristesse dans la voix. C’est du sérieux, avec Sonia en liberté, il faut que tu sois bien préparée pour un éventuel affrontement. Je sais que vos sentiments sont forts, ils résisteront à quelques semaines de séparation.

— Quelques semaines ? Non, c’est hors de question et que va-t-on dire pour mon travail, rétorquais-je.

— Il le faut, nous dirons que tu es en formation, nous allons t’envoyer quelques temps chez Sylvia dans la forêt de Tronçais. Tu pourras poursuivre ta formation notamment en magie et en phytothérapie.

— Je comprends, si c’est un sacrifice que je dois faire pour ma formation, j’obéirais aux ordres même si cela va être une torture pour mon âme, répondis-je, la gorge serrée.

— Cela passera vite, ne t’inquiète pas mais cela est nécessaire pour ton avenir en tant que « protectrice ». Amuse-toi un peu avec tes amies puis il faudra te présenter devant le grand Conseil, préparer tes affaires et dire au revoir à Archambault. La fonction de Protecteur impose parfois quelques sacrifices.

Je quittais la pièce sans lui répondre, d’un pas énergique. Les larmes commençaient à ruisseler sur mes joues.

Je sortis du long tunnel qui menait à l’esplanade. Guillaume m’attendait près du grand portail d’entrée, un pied posé sur l’assise du banc. Il était incroyablement séduisant dans cette position, un peu comme s’il était en pleine séance de shooting photo de mannequin. Son regard légèrement inquiet était braqué sur moi.

J’avais parfois du mal à réaliser que nous étions en couple, lui et moi. C’était une expérience si intense, si loin de tout ce que j’avais pu vivre jusque-là. C’était « presque » comme dans un conte de fées même si parfois, Guillaume n’était pas le « prince charmant », parfait mais c’était aussi cela qui faisait son charme.

Il s’avança vers moi replaçant au passage une mèche de cheveux derrière mon oreille. Il pencha sa tête de côté tout en observant mon visage rougit par les sanglots puis il m’offrit le refuge de ses bras protecteurs. Je me lovais contre son torse et respirais son parfum envoutant. Il portait son perfecto noir que j’aimais tant.

— Tu étais au courant pour la période d’éloignement ? demandais-je.

— Oui, le Conseil des protecteurs m’en a informé, il y a quinze jours. J’ai donné mon accord, il le faut, Alix.

Je le repoussais violemment.

— Quoi ? Il y a quinze jours ? et tu ne m’en a jamais parlé ? tu es d’accord pour qu’on ne se voit plus ? c’est tout ce que je représente pour toi ?

Mon corps tremblait et je déversais un flot inextinguible de questions tellement ces paroles me bouleversaient. J’étais au bord de la crise de nerf.

— Calme-toi, tu sais bien que je tiens à toi plus que tout au monde. Je te l’ai déjà prouvé non ?

— A croire que non, tu aurais pu te battre un peu plus si tu tenais tant à moi comme tu le dis si bien ! pff, j’aurais bien dû me douter que je n’étais qu’une proie de plus, à ton tableau de chasse, Monseigneur de Bourbon ! hurlais-je.

— Ecoute, tu te rends bien compte que lorsque l’on est ensemble, c’est magnétique, on ne peut pas rester une minute sans se rapprocher ou s’embrasser, ce n’est pas compatible avec ta formation ! Tu ne peux pas te concentrer normalement. Un ou deux mois tout au plus, ce n’est rien, notre amour résistera à cette épreuve. Je passerai te voir de temps en temps, tu le sais bien.

— Non, je ne sais rien du tout ! je vois seulement que tu laisses vite tomber notre histoire et cela me fait mal, sanglotais-je.

— Tu sais bien que c’est provisoire dit-il.

 Les larmes glissaient lentement sur mes joues, avec son pouce, il tenta d’en chasser une. Je reculais puis je m’enfuis en courant en direction du portail. Son attitude me bouleversait trop.

Il cria mon prénom au loin. Je choisis de ne pas retourner.

 

 

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